
A writer has to say almost everything in order to make himself understood, but in painting it is as if some mysterious bridge were set up between the spirit of the persons in the picture and the beholder. The beholder sees figures, the external appearance of nature, but inwardly he meditates; the true thinking that is common to all men. Some give substance to it in writing, but in so doing they lose the subtle essence…. The art of the painter is all the nearer to man’s heart because it seems to be more material. In painting, as in external nature, proper justice is done to what is finite and to what is infinite, in other words, to what the soul finds inwardly moving in objects that are known through the senses alone. [translation Lucy Norton]
October 8, 1822
L’écrivain dit presque tout pour être compris. Dans la peinture, il s’établit comme un pont mystérieux entre l’âme des personnages et celle du spectateur. Il voit des figures, de la nature extérieure; mais il pense intérieurement, de la vraie pensée qui est commune à tous les hommes: à laquelle quelques-uns donnent un corps en l’écrivant: mais en altérant son essence déliée. …. L’art du peintre est d’autant plus intime au coeur de l’homme qu’il paraît plus materiel; car chez lui, comme dans la nature extérieure, la part est faite franchement à ce qui et fini et à ce qui est infini, c’est-à-dire à ce que l’âme trouve qui la remue intérieurement dans les objets qui ne frappent que les sens.
8 octobre 1822
The figures and objects in the picture, which to one part of your intelligence seem to be the actual things themselves, are like a solid bridge to support your imagination as it probes the deep, mysterious emotions, of which these forms are, so to speak, the hieroglyph, but a hieroglyph far more eloquent than any cold representation, the mere equivalent of a printed symbol. In this sense the art of painting is sublime if you compare it with the art of writing wherein the thought reaches the mind only by means of printed letters arranged in a given order. It is a far more complicated art, if you like, since the symbol is nothing and the thought appears to be everything, but it is a thosand times more expressive when you consider that independently of the idea, the visible sign, the eloquent hieroglyph itself which has no value for the mind in the work of an author, becomes in the painter’s hands a source of the most intense pleasure — that pleasure which we gain from seeing beauty, proportion, contrast, and harmony of colour in the things around us, in everything which our eyes love to contemplate in the outside world, and which is the satisfaction of one of the profoundest needs of our nature. [translation Lucy Norton]
October 20, 1853
Ces figures, ces objets, qui semblent la chose même à une certaine partie de votre être intelligent, semblent comme un pont solide sur lequel l’imagination s’appuie pour pénétrer jusqu’ à la sensation mystérieuse et profonde dont les formes sont en quelque sorte l’hiéroglyphe mais un hiéroglyphe bien autrement parlant qu’une froide représentation, qui ne tient que la place d’un caractère d’imprimerie: art sublime dans ce sens, si on le compare à celui où la pensée n’arrive à l’esprit qu’à l’aide des lettres mises dans un ordre convenu; art beaucoup plus compliqué, si l’on veut, puisque le caractère n’est rien et que la pensée semble être tout mais cent fois plus expressif, so l’on considère qu’indépendamment de l’idée, le signe visible, hiéroglyphe parlant, signe sans valeur pour l’esprit dans l’ouvrage littérateur, devient chez le peintre une source de la plus vive jouissance, c’est-à-dire la satisfaction que donnent, dans le spectacle des choses, la beauté, la proportion, le contraste, l’harmonie de la couleur, et tout ce que l’oeil considère avec tant de plaisir dans le monde extérieur, et qui est un besoin de notre nature.
20 octobre 1853